Back to school : dur dur d’être un gamer
Me voici de retour à Metz, ville de mes études dans laquelle je n’ai pas mis un pied depuis près de 20 ans, mais dont je garde un souvenir émouvant. Cette fois, j’y suis pour encourager l’équipe League of Legends de GamersOrigin, sponsorisée par la Société Générale, qui fait son premier tournoi majeur de la rentrée.
Return to Moselle with a vengeance
Bonne surprise : soit toute la ville a déménagé, soit le fameux “TGV du futur” a été livré. En 1997 Metz était à 3h30 de Paris, désormais la capitale de la mirabelle n’est plus qu’à 1h30…on n’arrête pas le progrès. Profitant des 2h de vie gagnées, je déambule dans le vieux centre et constate avec plaisir qu’il se porte bien. Petit tour par la cathédrale qui n’a pas bougé d’un bips, passage par une imposante agence Société Générale malheureusement en travaux, récupération des clés à l’hotel et zouh, direction le nouveau Palais des Congrès inauguré pour l’occasion.
L’évenement, organisé par l’ESWC-Webedia est gratuit (sympa) et un public nombreux et familial circule aisément dans les allées spatieuses. Ici pas d’animations ni de goodies : c’est bien une LAN pure et dure avec d’impressionnantes rangées de PC toutes LED en avant.

Fornite
Guillaume le CEO de GamersOrigin nous accueille et nous emmène faire un tour à l’auditorium où se déroule une partie promotionnelle de Fortnite sur smartphones Samsung. Une centaine de téléphones ont été distribués à l’audience qui affronte notamment Gotaga, le “Ninja français”, sur scène. Le concept est plutôt sympa et exploite parfaitement les spécificités du jeu sur mobile. C’est d’ailleurs un membre du public qui remporte la victoire devant un amphithéâtre de 1400 places plein à craquer. Guillaume nous fait part des résultats de l’équipe Fortnite GamersOrigin montée il y a quelques jours à peine et semble très confiant sur la qualité de son roster. Moyenne d’âge : 16 ans…duh. Malgré la compétition déjà féroce car tout le monde et sa grand-mère ne parle plus que de Fortnite depuis 6 mois, difficile de ne pas faire confiance à ce jeune dirigeant qui pilote une des meilleures écuries européennes alors qu’à son âge je ne savais pas me faire un café tout seul.

League of Legends, jour 1
Après avoir conscientieusement effacé le hastag de Vitality sur le tableau noir de l’hotêl pour le remplacer par #Gowin, nous rejoignons ensuite les joueurs LoL-GO qui sont souriants et détendus. Leaders du classement français et grands favoris de la compétition, ils expédient les premiers matchs un peu bravaches. Ils sont pressés d’en découdre avec Vitality Academy qui les a battus lors des deux derniers matchs. Leur nouveau coach, “Candyfloss” (un anglais), est à leur côté…c’est le troisième en moins d’un an, le poste semble encore plus précaire que celui d’entraineur de l’équipe de France de football.
Je fais également connaissance de Jeremy leur osthéopathe attitré qui a strappé quelques joueurs pour éviter les blessures…sans surprise, c’est également un gros geek, amateur de Freemium et trader en cartes Magic à ses heures perdues. La connexion est instantanée…dans le temple du jeu, nous parlons tous le même language. Et si nos “carrières ludiques” sont uniques, elles se croisent toujours sur plusieurs titres phares dont on discute avec une nostalgie d’anciens combattants.

Pour les pros, ce sont des grosses journées rythmées par les manches à durées variables, des interviews, des problèmes techniques et annonces des résultats des autres équipes…l’excitation est palpable et je dois dire que suivre un match derrière l’épaule d’un joueur professionnel est autrement plus intense qu’un streaming sur Twitch.
Le match contre Vitality démarre. Première game pour GO, de justesse. La deuxième semble bien partie mais lors d’un teamfight serré Vitality prend l’avantage et remporte la manche. Côté GO, les visages se crispent et tout le staff bascule subtilement “dans le dur” de la compétition. L’équipe décide de partir sur une composition originale pour destabiliser l’adversaire…calcul qui s’avère finalement payant car Vitality a du mal à s’adapter. Le match est néanmoins très serré et les équipes sont au coude-à-coude avec des statistiques de jeu très proches.
A la 20ème minute Toaster neutralise un joueur adversaire in-extremis. Il hurle un juron de soulagement dans son casque. Je ne sais pas si le jeu vidéo rend violent mais clairement il ne rend pas poli 😄 Le staff éclate de rire, la pression retombe d’un coup et ses coéquipiers s’encouragent mutuellement. Le rouleau compresseur GO se met en marche et ils empochent une victoire libératrice. Il est déjà 21h30 et le public est parti depuis longtemps. La journée se finit bien pour les autres équipes GO, avec de très bonnes performances également sur Hearthstone et sur Fortnite. Après être allée préparer les configurations de touche pour la Grande Scène, l’équipe va décompresser au restaurant, surveillée de près par le management pour s’assurer qu’ils ne vont pas se prendre une cuite pour fêter la qualification en demi-finale. Puis (courte) nuit car demain les matchs commencent dès 9h.
A trip to memory lane
Le lendemain je pars courir du côté du campus Supélec situé dans la périphérie de Metz. Le campus n’a pas changé mais il est désormais grillagé 😞 Je prends quelques photos pour les copains de promo avec qui j’ai gardé le contact et qui sont aujourd’hui, comme moi, quadragénaires.

Je n’ose pas escalader la grille et m’apprête à repartir quand je croise un élève qui revient de son footing. Il est en 2ème année et hésite entre la finance ou l’énergie. Je lui parle du bon vieux temps avec une voix chevrotante et le coeur bouffi d’émotions, alors par charité il m’ouvre et m’accompagne pour un petit pélerinage. Je me recueille sur le lino de mon ancienne chambre et lui explique que la voie royale pour bosser dans le jeu vidéo est, bien entendu, la Société Générale…mais je le soupçonne de ne pas m’avoir cru. Il m’explique que ce qu’il apprécie à Supélec c’est la transmission des générations et me propose de venir faire un talk à la “Journée des Légendes”. Salauds de jeunes, je les hais 😄 Je repense à la nouvelle de Buzzati “La chasse aux vieux”…lui aussi un jour il se fera inviter à la journée des légendes…je ricane en silence. Bon perdant, je le quitte en lui disant de bien profiter de sa période estudiantine que Bourdieu appelait “un enclos séparé du monde”, et retourne voir où en sont mes joueurs de LoL.
League of Legends, jour 2
Et bien justement, les joueurs de GO sont en difficulté face à une équipe Supremacy qui est LA bonne surprise de cette compétition puisqu’ils ont battu 2 des meilleures équipes françaises (LDLC & Vitality). A une manche partout le staff commence à s’inquiéter et le manager GO-esport attaque le siège de devant avec les dents. Pour la belle, l’équipe décide de repartir sur une composition un peu exotique comme la veille et fait un early-game très agressif. A la dixième minute le jeu se met à lagger horriblement et l’arbitre fait une pause le temps de résoudre les problèmes techniques. La pause de prolonge car il semble qu’un début d’attaque par déni de service (DDoS) a eu lieu.
Les commentateurs sortent les générateurs de phrases toutes faites et meublent ce qu’ils peuvent. A leur soulagement, au bout d’une grosse demi-heure le jeu reprend. Impériaux, les GO remportent le match et se qualifient donc pour la finale tout en sécurisant leur 1ère place au classement français. #Gowin ! Ton(n)erre, le capitaine de l’équipe, sort son plus beau sourire émail-diamant et gonfle ses muscles devant l’intervieweur. Ce qui me va très bien car ça double littéralement la surface du logo Société Générale sur le maillot pour le même prix. Voilà ce que c’est de flairer un marché en contengo !

Ce sera, en revanche, la dernière partie de la journée pour moi car les DDoS reprennent et planteront toutes les compétitions pendant près de 5h. Si jamais notre startup tanke, il y a probablement un créneau tellement le problème semble récurrent et c’est toujours très pénalisant pour les joueurs comme pour l’audience. Pas de bol pour Webedia-ESWC qui a néanmoins monté un évenement de grande ampleur pour les joueurs comme pour les spectateurs, avec une belle affluence pour une 1ère édition.
Je rentre donc à Paris, des souvenirs plein la tête et confiant pour la finale. Ce qui est d’autant plus facile à prédire vu que le temps d’écrire cet article, GO a effectivement remporté le tournoi en rebattant 3–0 Supremacy. La hiérarchie est donc respectée, GO a tenu son rang et a accumulé une bonne dose de confiance pour la prochaine étape : les European Masters en Pologne, dont les qualifications commencent…demain ! Dur dur d’être un gamer…
#Gowin #GamersOrigin #SociétéGénérale #LeagueOfLegends

Précision : à l’heure de cet article je suis salarié du groupe Société Générale. Les propos publiés ne reflètent néanmoins pas la position de mon employeur. N’empêche que c’était trop cool comme weekend :D